Mathias Beche 1812

MATHIAS BECHE «L’ENVIE EST RÉCIPROQUE ET CELA DEVRAIT SE CONCRETISER »

Tant en Championnat du Monde d’Endurance (FIA WEC) qu’en European Le Mans Series (ELMS), Mathias Beche a démontré toute sa détermination et son professionnalisme au cours d’un programme sportif dense en 2013. Retour sur une saison riche d’enseignements et de satisfaction. Cette saison, tu as intégré le Rebellion Racing, équipe de premier plan en Championnat du Monde d’Endurance. Comment as-tu vécu cette évolution de carrière ? « Intégrer une équipe professionnelle avec des pilotes déjà bien en place était une nouvelle expérience pour moi. Ce fut personnellement très enrichissant. Tout le monde doit apprendre à se connaitre et à travailler ensemble. J’ai toujours voulu prendre les choses sans prétention, en essayant de comprendre et de m’améliorer au fil des courses et c’est ce que je pense avoir réussi à faire. Je me sens bien intégré au sein de l’équipe et peux pleinement m’exprimer sur la piste. »

Le FIA WEC 2013 fut ta première grande campagne mondiale. Une très belle opportunité d’enrichir ton expérience ? « Il faut rappeler que j’ai une trajectoire vraiment peu commune. Contrairement à la majorité, voir à la totalité des pilotes professionnels en prototypes, je n’ai jamais fait de monoplace à haut niveau. Je me suis arrêté au championnat asiatique de Formule Renault par manque de budget. J’ai dû trouver d’autres solutions pour atteindre mon but et suis passé par la petite porte en débutant directement avec la Formula Le Mans. J’ai eu l’opportunité de me mettre en évidence en LM P2 avec le Thiriet by TDS Racing mais avec très peu de courses (seulement 4 en 2012 et 5 en 2011). Alors que cette année, j’ai presque plus roulé en une saison que lors de mes trois dernières années ! Une vraie chance. J’ai toujours dû optimiser le peu de temps que j’avais dans la voiture et cela m’a surement permis d’aiguiser certains sens. En 2013, en participant à l’ensemble du Championnat du Monde, j’ai certainement passé un nouveau cap. » Quel bilan dresses-tu de ta seconde participation aux 24 Heures du Mans ? « Je dirai un bilan contrasté. Nous étions performants et avons tenu la 4ème place au classement général, leader des équipes privées pendant près de 18 heures, devant une Audi officielle. Malheureusement, Andréa est partie à la faute mais il est impensable pour moi de lui reprocher quelque chose. La météo était terrible cette année, il fallait un peu plus de réussite pour passer à travers les nombreux pièges de cette édition. Beaucoup de « Top pilotes » sont partis à la faute. La voiture n’était pas facile à conduire dans ces conditions et nous avons fait le maximum. Je pense qu’il faut retenir que même après des années de course, Le Mans peut toujours nous piéger. D’un point de vue personnel je me suis senti à l’aise, j’ai essayé comme l’an dernier de profiter de chaque instant, même si l’accident d’Allan m’a grandement marqué. »

Outre ton implication avec le Rebellion Racing, tu as poursuivi ton engagement avec Thiriet By TDS Racing en European Le Mans Series. C’est une structure dans laquelle tu aimes évoluer ? « Lorsque l’équipe m’a contacté en cours d’année pour me proposer de faire le reste de la saison avec eux, je n’ai pas pu refuser. C’est une équipe familiale, professionnelle et avec qui j’ai pu évoluer. C’est la troisième année consécutive de collaboration. Il y a un plaisir réciproque à travailler ensemble, nous avons nos automatismes depuis le temps, nous savons où aller et comment atteindre les objectifs. C’était aussi sympa de retrouver Pierre, qui est pour moi plus qu’un coéquipier. » Tu remportes les courses ELMS d’Imola et du RedBull Ring. Malgré cela, le titre vous échappe avec Pierre Thiriet. Est-ce un sentiment mitigé de satisfaction et de déception ? « Ce n’était pas évident de reprendre un championnat en cours d’année, sans avoir pu régler la voiture avec les nouvelles évolutions faites durant l’hiver. Contrairement à nos concurrents, nous n’avons pas fait d’essais durant l’été et il a fallu travailler dur sur les meetings pour être au niveau. Mais nous avons fait du bon boulot avec Pierre et l’équipe, remportant Imola puis RedBull Ring. Ensuite, nous manquons de chance en Hongrie lorsqu’une voiture sort juste devant Pierre qui ne peut l’éviter. Cela nous coûte cher mais nous restions en tête du championnat malgré tout. Au Castellet, nous nous sommes remobilisés, il suffisait d’être devant Alpine et c’est ce que nous avons fait jusqu’à ce qu’une casse mécanique dans le virage de Signes anéantisse nos chances d’être sacrés une nouvelle fois. En termes de performances, nous étions clairement devant Alpine mais les sports mécaniques sont parfois ingrats. La chance tournera. »

L’intersaison a débuté depuis deux semaines. Quel est ton programme au quotidien : repos ou entrainement physique ? « Pour être honnête, je n’ai pas vraiment pris de repos. Dès le lundi après Bahreïn, j’ai réattaqué avec 25 kilomètres de ski de fond puis des séances de gym ! Le problème est que je dois suivre mes amis qui sont très affutés et ce n’est pas facile ! Je vais un peu calmer le jeu en fin d’année et prendre du bon temps avec mes proches que je n’ai pas beaucoup vu cette année, puis il faudra rapidement se remettre dans le bain pour 2014. L’hiver est important pour se ressourcer et préparer la saison à venir. » Après Le Mans et Sebring, tu as découvert une autre grande épreuve d’endurance, celle-ci réservée aux voitures de GrandTourismes : les 24 Heures de Spa. Comment as-tu vécu cette aventure dans les Ardennes belges ? « Les 24 Heures de Spa ont été une super expérience pour moi. En GT, les courses sont très disputées et la concurrence est rude. Pas facile de jouer les premiers rôles pour un « one shot ». En qualification, mon coéquipier Ludovic Badey a réussi à se classer 19 ème pour participer à la super pole. À la surprise générale, c’est moi qui ai dû participer à cette qualification ultime car j’étais le plus « gradé » en tant que statut platinium. La super pole réunie les 20 meilleurs pilotes GT du monde. Sans trop de conviction car n’ayant jamais mis de pneumatiques neufs auparavant et découvrant la voiture, je fais le 13ème chrono ce qui était plutôt correct sur plus de 70 participants. En course, nous avons navigué entre la 4ème et la 6ème place au classement général et dans la tête du Pro-Am avant qu’un contact suivi d’une crevaison puis d’un problème de transmission aient raison de nous. Les 24 Heures de Spa sont vraiment une épreuve de « survie », particulièrement dans la nuit où beaucoup de niveaux se mélangent et rares sont ceux qui passent à travers les ennuis. J’aimerai vraiment pouvoir renouveler l’expérience l’an prochain. »

Ton regard est probablement tourné vers 2014. Peux-tu en dire plus sur ton possible programme ? « L’objectif est de poursuivre l’aventure avec le Rebellion Racing, le projet R-One est très intéressant et c’est l’occasion pour moi d’être directement impliqué dans le développement d’une voiture quasiment « usine ». L’envie est réciproque et cela devrait se concrétiser. C’est un travail ambitieux et incroyable qu’est en train de lancer l’équipe et Oreca pour construire cette nouvelle voiture. J’aimerai aussi pouvoir continuer en LM P2, aux Etats-Unis ou en Europe, l’important pour moi est d’être dans une voiture capable de jouer la gagne! »